Cas d’usage de Litote : sonder les archives d’un site web comme Fabula

C’est les vacances (presque), je m’amuse (presque) ; pour les besoins d’un article parlant de canon littéraire, j’ai essayé de voir si je pouvais inventer un indicateur statistique spécial études littéraires francophones à partir du site de Fabula.

Méthode : coup de sonde dans les appels à contributions diffusés sur Fabula depuis la création du site en 1999.

• Fabula, parce que c’est la plateforme par laquelle transitent la plupart des appels en littérature dans l’espace francophone, depuis 25 ans ; il en existe d’autres évidemment, mais celle-ci est à coup sûr significative de ce qu’il se passe dans le champ universitaire littéraire francophone.
• Les appels à contribution (soit à communication en journée d’étude ou colloque, soit à publication en ouvrage ou revue), parce que c’est peut-être là qu’on peut observer la part structurante ou non que telle ou telle référence joue dans la théorie littéraire contemporaine (dans les bibliographies), et parce que c’est la spécialité de Fabula. Si je regardais les revues du site (Acta, LHT, Les Colloques, etc.), les indicateurs seraient sans doute intéressants aussi, mais il serait difficile de justifier pourquoi Fabula et pas les revues d’OpenEdition plutôt, par exemple (une majorité d’appels transitent par Fabula ; pas une majorité d’articles).

Technique : crawling pour récupérer tous les appels (avec leur titre, leur date, leur url, leur texte) ; suppression des doublons et réindexation de ces 19 528 items (date arrêtée au 25 juillet 2024 pour le moment) dans une base de données privée associée à Litote, de manière à pouvoir faire mes recherches avec une interface graphique pratique.

Figure 1. Page d’accueil

Voilà donc le résultat sur Litote (figure 1). La structure est légèrement modifiée par rapport à la version “travaux de rédaction” du logiciel de départ mais l’essentiel est là : on peut chercher par mots clés, par tags, par intervalle de dates, par type d’appel. Je n’ai pas pu automatiser les éléments type et tags, c’est à moi, si j’ai la foi, de tout étiqueter correctement selon mon usage.

C’est ainsi que je découvre que (sauf cas d’homonymies), Michel Foucault est cité dans 684 appels ; Hélène Cixous dans 97 appels ; que Ricœur est cité dans 192 appels qui orthographient son nom sans faire l’e dans l’o, mais dans 193 qui le font (31 appels s’amusent à mélanger les typos, les autres se tiennent à leur option). Je peux voir que Monique Wittig, citée au total dans 57 appels — 0,3 % des appels Fabula, je note qu’on n’est pas encore dans l’invasion wokiste la plus extrême –, n’a jamais été mobilisée avant 2006, qu’elle l’a été en moyenne une fois par an avant 2017, année où elle a été d’un coup citée dans 10 appels différents, avant de retomber à un rythme de 3-4 fois par an avant 2023, où elle est de nouveau citée une petite dizaine de fois, et 2024, où elle l’est déjà autant en juillet (on peut supposer qu’elle explosera ses scores d’ici la fin de l’année).

Comme d’habitude, on peut faire des brouillons, pour sauvegarder des recherches précises, par exemple : “Marc Angenot cité dans la bibliographie d’un appel”, ou “Rita Felski mentionnée dans le corps de texte”, ou “Citations de Judith Butler avant la publication française de Gender Trouble” (spoiler : une seule fois !).

Figure 2. Exemple d’une recherche sur Marc Angenot

Figure 3. Exemple de la recherche sur Judith Butler. Un seul résultat de recherche : un appel intitulé “L’enfance sous les projecteurs”.

Voilà, un cas d’usage spécifique qu’on peut faire de Litote, en important une base de données extérieure. Ces données sont utilisées dans un cadre privé pour des raisons de droit, en revanche.